Les différentes techniques de mise à mort

Voici présentées  les pratiques les plus connues de mise à mort lors des sacrifices humains. Cet article se réfère au livre « Le sacrifice humain chez les Aztèques » de Michel Graulich. Il est important de préciser que le temps jouait un rôle important dans le choix de la pratique (on choisissait un type de sacrifice plutôt qu’un autre car cela était plus rapide), mais il était possible et même très courant d’accumuler deux, trois voire quatre différents types lors d’un même sacrifice. Les pratiques sont les suivantes:

La cardiectomie. Appelée aussi « excision du coeur », ce fut la pratique la plus utilisée lors des sacrifices humains, mais aussi la plus connue aujourd’hui. Le processus était le suivant: quatre chachalmecas (prêtres) tenaient les membres de la victime, cette dernière était cambrée au maximum sur la pierre, un cinquième immobilisait la tête en pressant le collier de la victime sur son cou. Le sacrificateur lui enfonçait alors le couteau de silex dans la poitrine afin d’arracher le cœur de la victime. La position cambrée de la victime rendait cet acte facile et rapide à pratiquer. Le but de ce sacrifice était d’augmenter la fertilité et de faire des offrandes aux divinités.

La décapitation. C’est le deuxième type de mort le plus utilisé par les aztèques. La décapitation et l’égorgement ont été mis en relation avec la fertilité. On le retrouve notamment dans le jeu de balle et est en relation avec les mythes fondateurs des aztèques. La pratique de l’égorgement est prédominante car les instruments souvent ne permettaient pas de décapiter le sacrifié. On retrouve souvent la décapitation après un autre type de mise à mort, ce qui revenait à tuer symboliquement une deuxième fois.

Le feu. Il s’agissait là d’une reproduction du saut de Nanahuatl et Tecciztecatl dans un brasier à Teotihuacan (mythe fondateur). Lors de la saison humide, les sacrifiés reproduisaient cette action en l’honneur de ces divinités. Ils pouvaient aussi s’immoler, pour maintenir la voûte céleste en place, tout en nourrissant le dieu du Feu et de la Chaleur.

Le « sacrifio gladiatorio ». Une personne, le sacrifié, devait affronter un guerrier aigle puis un guerrier jaguar. Si aucun n’arrivait à le battre, un gaucher intervenait, ce qui mettait généralement fin au combat. Lorsque le sacrifié avait perdu un de ses combats, on lui excisait le coeur et on le décapitait. Cette mise à mort serait en rapport avec les rites des Hautes-Terres du Guatemala.

A coups de flèches et de javelines. Le sacrifié était crucifié sur des chevalets, avec les jambes et les bras écartés et attachés, puis mourrait en recevant les flèches et/ou les javelines. Cette pratique avait une connotation sexuelle: en effet, le sang qui s’écoulait du corps de la victime était censé, par la suite, féconder la terre.

Chute dans le vide. Il existe deux cas. Le premier est celui des sacrifiés, généralement des vaincus, qui étaient jetés du haut des pyramides, après y avoir été emmenés accompagnés de chants et de danses (ce que subirent les Tlaxcaltèques accusés d’avoir incendié le temple Toci). Le deuxième cas se déroulait lors de fêtes, où des hommes criblés ou non de flèches étaient jetés du haut d’un mât. Ces hommes représentaient des fruits, le tout symbolisant la fécondation.

Assomade contre un rocher. Le sacrifié était immolé, on lui tapait quatre fois la tête contre un rocher, puis on lui tranchait le cou. La tête du sacrifié revenait au « petit Mixcoalt », qui le tenait par les cheveux et accomplissait les rites, avant d’être tué à son tour puis jeté du haut de la pyramide. Le but de ce type de mise à mort n’est pas encore très clair.

Écroulement du toit. Ce sacrifice original consistait à enfermer les sacrifiés dans une pièce, puis on faisait s’écrouler le toit. Il semblerait que ce fut l’un des types de mise à mort des Tlaxcaltèques, juste après l’incendie du temple Toci. Ce sacrifice, aussi utilisé par les mayas, symbolise la fin d’une ère, le toit évoquant la voûte céleste qui s’écroule et laisse la place à un nouveau cycle.

Enterré vivant. Le sacrifié était enfermé dans une grotte – lieu important de sacrifice car la grotte est omniprésente dans les mythes fondateurs – sans vivres et sans eau. Cette mise à mort pourrait faire référence à Xochiquetzal qui s’est enterré pour donner naissance à Cinteotl (voir article sur les divinités), son corps aurait donné également naissance à plusieurs sortes de fruits et de semences. Ce type de sacrifice a été très utilisé dans les années 1450, période où une famine a ravagé le Mexique central.

Eviscération. Nous connaissons le processus grâce à un texte nahuatl qui le mentionne et grâce à une représentation sur un vase maya. Le sacrifié était attaché, semble t-il, à un chevalet, et un homme, suivi de musiciens, perçait le ventre avec une lance ou un couteau, faisant sortir les intestins. En plus d’être utilisé pendant les périodes d’épidémie, ce type de mise à mort servait, comme l’excision du coeur, à augmenter les récoltes de maïs.

Noyade. Cette technique était utilisée avec les enfants: ils étaient emmenés dans les lagunes puis y étaient noyés avec ou sans la barque. Ils servaient d’offrande aux divinités de la terre, de l’eau et de la pluie. Cette mise à mort était également utilisée pour punir les voleurs d’objets sacrés.

Le pressage au filet. Le sacrifié était mis dans un filet, qui était tordu aux extrémités jusqu’à que les os en sortent, et que le sang se répande, ce qui était une sorte d’offrande à Coltzin, leur dieu patron. Ce type de sacrifice était utilisé pour améliorer la fertilité, en faisant tomber la pluie. D’ailleurs, plus les mailles du filet utilisé étaient grandes, plus les pluies allaient être torrentielles.

Lapidation. Cette mise à mort était apparemment réservée aux adultères. Avant, le coupable devait confesser ses péchés devant toute la population, qui l’accompagnait ensuite vers le lieu de sa mort, où il était soit lapidé, soit sa tête était écrasée sous une grosse pierre. La population sortait purifiée de ce sacrifice.

Dépecage. La méthode n’est pas vraiment connue, mais on connait deux exemples : celui des espions travaillant à la solde de l’ennemi qui ont été tués puis découpés post-mortem dans l’édifice du grand temple de Mexico, et celui de cinq ou six seigneurs de Tlalmanalco qui  ont été, en 1459, dépecés pour trahison (par coupures au cou, genoux et coudes).

Il existe d’autres mises à mort, dont on ne sait pas grand chose par manque de sources, telles que : à coup de massue, de bâton ou par empalement

Naya CADALEN

4 commentaires sur “Les différentes techniques de mise à mort

  1. cadalen dit :

    Fort réjouissant… Je remarque que la lapidation, pour punir l’adultère, est donc très ancienne et commune à d’autres civilisations. On n’a rien inventé ! Ainsi que la crucifiction, qui n’est donc pas l’apanage du christianisme.

  2. […] Pour en savoir plus sur les différentes techniques de mise à mort, je vous invite à consulter cet article. […]

  3. […] C’est donc sous sa forme la plus courante que le sacrifice humain été effectué : la cardiectomie, pratique qui consiste à extraire le cœur du sacrifié de sa cage thoracique à l’aide […]

  4. […] autel sur lequel était déposé le cœur du sacrifié après le rituel du sacrifice gladitorial (pour en savoir plus). Ceux de plus grandes dimensions faisaient également office de pierre de sacrifice sur laquelle […]

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