Si nous avons décidé de faire ce blog sur le thème des sacrifices humains chez les aztèques, c’est parce que nous étions intrigués. En effet, ce thème ne laisse personne insensible, et provoque horreur, dégoût, curiosité, fascination… Après avoir présenté dans la plupart des articles le rôle et le fonctionnement de leurs rites, nous allons examiner à présent quelques idées préconçues sur le sujet. Pour cela, je me suis appuyée sur un débat disponible sur la plateforme Yahoo, dans la section Histoire: Les Aztèques et les sacrifices humains ?
Une pratique barbare.
Il est très difficile de concevoir à présent qu’on puisse ôter la vie à une autre personne pour son bien être. Encore plus perturbant est le fait que cet acte soit banalisé et si bien intégré dans la société aztèque. Une question revient souvent: comment un peuple qui est connu pour son évolution, son rayonnement culturel et ses prouesse techniques (notamment dans l’architecture de Tenochtitlan), a pu s’accommoder de cette pratique ? Mais la question qu’il faudrait se poser serait plutôt : était-ce réellement une pratique que l’on peut qualifier de barbare, au sens où la barbarie serait quelque chose d’irraisonné et de gratuit ? En effet, comme Michel Graulich le dit dans son livre Le sacrifice humain chez les Aztèques, « S’il est des choses insupportables à l’homme, c’est bien le hasard et l’incontrôlable ». Comme nous l’avons vu dans les articles: Rôle du sacrifice humain dans l’empire aztèque et Les origines mythiques du sacrifice humain, le sacrifice humain avait pour but de nourrir l’astre solaire avec l’énergie vitale des sacrifiés, afin qu’il continue d’ensoleiller les terres aztèques.
La pratique du sacrifice humain dans la société aztèque a t-elle réellement existé ?
Un livre traite de cette question : Sacrifices humains chez les Aztèques: Réalité ou prétexte colonial ? de Javier Solis Salcedo. Il met en évidence un manque de preuve laissant planer le doute sur la réelle existence de la pratique du sacrifice humain chez les Aztèques. Parmi les rares documents traitant de la pratique on retrouve le rapport officiel de Juan Diaz datant de 1518, les lettres envoyés de Hernan Cortés à Charles Quint datant du XVIème, ainsi que les documents coloniaux qui datent de la seconde moitié du même siècle. Or, suite aux expéditions espagnols qui se sont déroulées entre 1517 et 1519, aucune preuve que les conquistadores auraient assisté aux sacrifices n’a été trouvée. Certains affirment même que la pratique du sacrifice humain chez les Aztèques aurait été une invention des colonisateurs espagnols, afin de justifier les conquêtes qui avaient pour but de développer le catholicisme et d’enrichir le royaume espagnol.
Pas si loin des pratiques occidentales.
En 1487, lors de la grande consécration de la pyramide de Tenochtitlan, les Aztèques auraient sacrifié 84 000 prisonniers en quatre jours. Mais de telles horreurs n’ont pas existé que dans le monde Mésoaméricain. Prenons l’exemple d’Hiroshima et de de Nagasaki : entre 155 000 et 246 000 morts suite au bombardement atomique qui s’est abattu sur les deux villes. Pourquoi ? Parce que le gouvernement américain voulait en finir avec la Seconde Guerre Mondiale, et épargner des vies, en forçant la capitulation du Japon. Les pratiques aztèques nous choquent car ils assument le fait de tuer des personnes pour le bien de la communauté ou même d’une seule personne. Mais si nous y regardons de plus près, les aztèques, vus comme sanguinaires, considéraient cette mort comme un honneur, et il n’y avait pas autant de morts que ce que le mythe laisse entendre. De plus, le monde n’a jamais connu un climat constant et uniforme de paix, avec notamment les guerres de religion, civiles, politiques… etc. Autre exemple : la peine de mort, parfois transformée en spectacle mis en scène par les autorités, s’est perpétuée bien après la chute de l’empire aztèque, jusqu’au XXème siècle pour les pays européens. Elle est encore en vigueur dans certain état des Etats-Unis, emblème de la puissance occidentale. Sommes nous réellement en droit de critiquer ces pratiques, en connaissance de notre histoire ?
Ce ne sont pas là des prises de position, mais des idées souvent rencontrées et débattues. Ce sont celles qui me sont apparues, également, comme les plus pertinentes. A vous de vous faire votre propre avis sur le sujet.
Naya CADALEN